L’heure n’est plus aux concerts, mais à la sensibilisation par les chansons et aux dons pendant la pandémie de Covid-19. Des grands noms de la musique africaine, comme le Sénégalais Baaba Maal, ont décidé d’alerter sur le danger que constitue le nouveau coronavirus.
NEW YORK, USA, le 2 Avril 2020,-/African Media Agency (AMA)/- « Restez chez vous et c’est ensemble qu’on gagnera le combat contre le Covid-19 ». C’est le message de Baaba Maal dans un entretien avec ONU Info.
L’artiste sénégalais appelle à un sursaut du continent africain. « On ne cesse d’appeler l’Afrique à un réveil, d’être conscient qu’il n’est pas un continent à part par les temps qui courent », a dit l’Emissaire pour la jeunesse du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), comme pour battre en brèche toutes les fausses idées estimant que cette région du monde est immunisée contre le virus.
Mais entre-temps, le nouveau coronavirus s’est également propagé sur le continent. « L’Afrique fait partie du monde », a ajouté Baaba Maal, insistant sur le fait que si l’Afrique veut continuer à rimer avec espoir, il va falloir que les Africains jouent ce rôle de leadership.
Et cela commence par s’atteler à la santé des populations. « Il y a un proverbe de chez nous qui dit que « l’aîné de la richesse, de la prospérité, n’est autre que la très bonne santé ». Et nous avons des jeunes qui peuvent relever ce défi et des jeunes qui doivent être en très bonne santé », plaide le chef d’orchestre du « Daande Lenol » (La Voix du peuple).
Pour vaincre le Covid-19, Baaba Maal estime que la musique fait partie de l’arsenal de lutte, avec surtout ces messages de sensibilisation. Il est allé donc fouiller dans son riche répertoire pour ressortir le premier album qui l’a fait connaitre sur la scène internationale : « Djam Leelii » (qui signifie en peul, Les Aventuriers), produit en 1984 et classique de l’Afrique de l’Ouest qu’il va adapté à l’aune de la pandémie mondiale de Covid-19.
La chanson « Djam Leelii » réadaptée pour sensibiliser les populations
En fait, il songeait, avec certains artistes sénégalais, de lancer une nouvelle chanson. « Mais ces derniers m’ont dit, il faut aller prendre « Djam Leelii ». Par ses paroles, cette chanson en peul (langue parlée en Afrique de l’Ouest et centrale) parle « d’un monde où les gens sont confinés, très angoissés, avec une économie qui bascule ».
En gros, « la situation actuelle d’un monde qui est secoué par cette maladie », précise Baaba Maal. « Mais il faut un combat de tout le monde pour qu’on puisse s’en sortir. Il y a tellement d’exemples qu’on peut tirer dans notre répertoire pour sensibiliser », a-t-il ajouté.
A la question de savoir si la musique ou l’engagement des artistes africains est l’une des armes de sensibilisation contre le Covid19, il concède que « c’est bien sûr une très grande arme de sensibilisation, d’autant plus qu’on vit sur un continent où la culture a toujours été un vecteur de sensibilisation, d’éducation et d’éveil de conscience ».
Ce fut donc facile d’adapter une chanson à la lutte contre le nouveau coronavirus d’autant que dans chacun de ses thèmes, « il y a un message qui y ressort ». Pour cette nouvelle pandémie, Baaba Maal entend adapter la même recette adoptée dans la lutte contre le sida, c’est-à-dire écrire des chansons et voir aussi comment utiliser les nouvelles technologies pour faire passer des messages à la place des tournées présentement interdites en période de confinement.
Après l’étape dakaroise avec des artistes sénégalais et des comédiens comme Pape Faye, Baaba Maal veut miser l’union sacrée des musiciens africains autour des messages de prévention des autorités. Dans son agenda, un projet avec d’autres artistes de la Guinée, de la Gambie, de la Mauritanie, du Mali et de la Guinée Bissau.
« C’est un premier départ. Donc je pense que ça fera tâche d’huile. Nous espérons tout simplement que ça puisse aider les populations à arriver à quelque chose de très positive contre le Covid19 », relève le chanteur et guitariste sénégalais.
Le « choc » du décès de Manu Dibango
Derrière cet engagement contre le Covid-19, ce sont aussi des visages, des drames humains. A la suite du décès de l’artiste camerounais Manu Dibango des suites du Covid19, Baaba Maal a parlé de « choc ».
Les deux artistes auraient dû se retrouver au concert de la chanteuse béninoise Angélique Kidjo prévu mi-mars au Carnegie Hall, à New York.
« Manu est un grand frère. C’est un guide pour nous. Moi, quand on m’a nommé Ambassadeur de bonne volonté du PNUD, il était présent, comme à de nombreux concerts », témoigne Baaba Maal, qui « prie le Bon Dieu pour que le saxophoniste disparu vit dans son Paradis et que son âme repose en paix ».
Pour éviter de vivre de tels drames, il invite les populations africaines à prendre conscience de la réalité de cette pandémie.
« C’est une réalité qui n’épargne personne si les gens ne prennent pas des dispositions », a-t-il fait valoir, tout en invitant les jeunes filles et garçons à servir de relais pour éveiller, conscientiser leurs parents, les voisins, surtout pour toutes ces populations de province ou du monde rural qui pensent que c’est une affaire des grands centres urbains.
Outre la prévention par la chanson, Baaba Maal, qui est aussi Ambassadeur pour la terre de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification, a offert des dons au personnel soignant du département de Podor. Des kits médicaux et des lampes solaires pour aider les postes de santé à travailler à plein temps pendant cette période de lutte contre le Covid-19.
Distribué par African Media Agency (AMA) pour ONU Info.