L’Organisation météorologique mondiale (OMM) s’est inquiétée, ce mercredi à Genève, des répercussions de la pandémie de Covid-19 sur la quantité et la qualité des observations et prévisions météorologiques, ainsi que sur la surveillance de l’atmosphère et du climat.
NEW YORK, USA, le 2 Avril 2020,-/African Media Agency (AMA)/- « Le changement climatique continue d’avoir des incidences et le nombre de catastrophes d’origine météorologique va croissant. La pandémie de Covid-19 représente un défi supplémentaire », a déclaré le Secrétaire général de l’OMM, Petteri Taalas.
Selon cette agence onusienne basée Genève, le nouveau coronavirus « pourrait exacerber les risques multidangers au niveau national ». « Il est donc essentiel que les gouvernements prêtent attention aux capacités nationales d’alerte précoce et d’observation météorologique malgré cette crise», a ajouté M. Taalas.
De façon générale, c’est sur le Système mondial d’observation de l’OMM que repose l’ensemble des services et produits météorologiques et climatologiques offert par les 193 États et territoires Membres de l’OMM à leurs citoyens.
Ce système transmet les observations de l’état de l’atmosphère et de la surface des océans recueillies par des instruments au sol, en mer et satellitaires. Ces données servent à élaborer des analyses, prévisions, avis et alertes météorologiques.
Dans ce dispositif, des pans entiers du système d’observation, tels que les composantes satellitaires et de nombreux réseaux terrestres, sont partiellement ou complètement automatisés. Ils devraient donc continuer à fonctionner sans dégradation significative pendant plusieurs semaines, voire davantage dans certains cas.
« Cependant, si la pandémie dure plus de quelques semaines, l’absence de travaux de réparation et d’entretien ainsi que le manque de redéploiements deviendront de plus en plus préoccupants », met en garde l’OMM.
Données météorologiques transmises par des aéronefs
En attendant, certaines composantes du système d’observation sont déjà atteintes. La diminution significative du trafic aérien, notamment, a eu des répercussions manifestes.
Les mesures en vol de la température ambiante et de la vitesse et de la direction du vent représentent une source d’information très importante tant pour la prévision du temps que pour la surveillance du climat.
Les avions de ligne commerciaux contribuent au programme AMDAR (retransmission des données météorologiques d’aéronefs), qui se fonde sur des capteurs, des ordinateurs et des systèmes de communication embarqués pour recueillir, traiter et formater des observations météorologiques. Des données qui sont ensuite transmises à des stations terrestres via des liaisons satellites ou radio.
Dans certaines régions du monde, en particulier en Europe, le nombre de mesures a diminué de façon spectaculaire ces deux dernières semaines. AMDAR transmet généralement plus de 700.000 observations quotidiennes de haute qualité sur la température de l’air et la vitesse et la direction du vent, ainsi que les données temporelles et de position requises et un nombre croissant de mesures de l’humidité et des turbulences.
Actuellement, 16 satellites météorologiques, 50 satellites de recherche, plus de 10.000 stations météorologiques en surface, automatiques ou dotées de personnel, 1.000 stations aérologiques, 7.000 navires, 100 bouées ancrées et 1.000 bouées dérivantes, des centaines de radars météorologiques ainsi que 3.000 aéronefs commerciaux spécialement équipés mesurent tous les jours des paramètres clés relatifs à l’atmosphère, aux terres émergées et à la surface des océans.
Baisse significative des observations manuelles dans les pays en développement
« Les Services météorologiques et hydrologiques nationaux continuent de s’acquitter 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 de leurs fonctions essentielles, en dépit des difficultés considérables causées par la pandémie de coronavirus», a indiqué le Secrétaire général de l’OMM.
« Nous saluons leur engagement à protéger les vies et les biens, mais sommes conscients des contraintes grandissantes de capacités et de ressources auxquelles ils sont confrontés», a poursuivi M. Taalas.
Pour l’heure, l’OMM estime que ce manque d’observations devrait avoir des répercussions relativement modestes sur la qualité des produits de prévision météorologique.
« Toutefois, la diminution continue et amplifiée des observations météorologiques provenant d’aéronefs pourrait occasionner une baisse graduelle de la fiabilité des prévisions», a déclaré Lars Peter Riishojgaard, directeur du Bureau du système Terre relevant du Département des infrastructures de l’OMM.
Si dans la plupart des pays développés, les observations météorologiques en surface sont désormais presque entièrement automatisées, dans de nombreux pays en développement, le passage à des observations automatisées n’est pas achevé.
Or l’OMM a constaté une diminution significative des observations manuelles de ce type ces deux dernières semaines.
La pandémie actuelle pourrait bien jouer un rôle dans cette diminution, mais le rôle éventuel d’autres facteurs n’est pas encore élucidé.
En conclusion, l’OMM entend continuer à suivre la situation. L’agence onusienne œuvre avec tous ses membres pour « atténuer autant que possible l’impact » de Covid-19 sur les systèmes d’observation.
Distribué par African Media Agency (AMA) pour ONU Info.