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CAMEROUN : VIOLENCES ÉLECTORALES DANS LES RÉGIONS ANGLOPHONES

CAMEROUN : VIOLENCES ÉLECTORALES DANS LES RÉGIONS ANGLOPHONES

NAIROBI, Kenya, le 13 Février 2020 -/African Media Agency (AMA) /- Des séparatistes armés dans les régions anglophones du Cameroun ont enlevé plus d’une centaine de personnes, incendié des biens et menacé des électeurs dans la période précédant les élections du 9 février 2020. Les forces de sécurité de l’État n’ont pas suffisamment protégé les civils des menaces posées par les séparatistes, mais ont plutôt commis de nouveaux abus à leur encontre au cours de la même période.

« Les dirigeants séparatistes devraient clairement donner pour instruction à leurs combattants de cesser leurs crimes contre les civils », a déclaré Lewis Mudge, directeur pour l’Afrique centrale chez Human Rights Watch. « Le gouvernement du Cameroun devrait veiller à ce que ses forces de sécurité donnent la primauté aux civils, en mettant un terme à leurs violations, en accordant la priorité à la protection des civils et en tenant les auteurs d’abus pour responsables de leurs actes. »

Human Rights Watch a interrogé 55 victimes et témoins de crimes commis par des séparatistes armés et les forces gouvernementales depuis que les élections ont été annoncées en novembre 2019, ainsi que des membres des partis d’opposition, des candidats et d’autres résidents des régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Human Rights Watch a également analysé des images satellites et des séquences vidéo pour corroborer de manière indépendante certains témoignages.

Les affrontements entre séparatistes armés et forces gouvernementales, ainsi qu’entre factions séparatistes rivales, ont fait des morts parmi les civils, des personnes ayant été tuées délibérément ou prises entre deux feux. Plusieurs dizaines de personnes au moins ont été tuées dans de nombreux incidents depuis novembre, selon ce qu’il ressort de l’examen de rapports crédibles des médias, de documents produits par certaines agences des Nations Unies et des recherches de Human Rights Watch. Cependant, en l’absence de mécanisme officiel de surveillance du nombre de civils tués au cours de la crise, la confirmation fiable du nombre de personnes tuées, des circonstances entourant leur mort et des auteurs présumés demeure difficile.

Les séparatistes armés s’en sont pris aux personnes souhaitant participer aux élections législatives et municipales, que ce soit en tant que candidats, fonctionnaires électoraux, activistes ou citoyens. Parmi les personnes ciblées, ont figuré des membres et des partisans du parti du Front social démocrate (Social Democratic Front, SDF), que les séparatistes accusent de ne pas être solidaires de leur cause. Des séparatistes ont incendié au moins trois bureaux de Elections Cameroon (ELECAM), l’organe électoral national, à Misaje, dans la région du Nord-Ouest, le 7 janvier 2020 ; à Babessi, région du Nord-Ouest, le 16 janvier ; et à Tombel, région du Sud-Ouest, le 2 février. Des séparatistes ont également incendié un bureau de poste où était entreposé du matériel électoral à Bafut, dans la région du Nord-Ouest, à la veille des élections, ainsi qu’au moins sept maisons appartenant à des représentants du gouvernement et à des candidats dans diverses localités de la région du Nord-Ouest, depuis novembre 2019.

Plutôt que de protéger les civils contre ces attaques, les forces gouvernementales ont commis elles-mêmes des violations à leur encontre. Entre le 17 et le 20 janvier 2020, les forces de sécurité ont mené une opération militaire à Bali, dans la région du Nord-Ouest, détruisant plus de 50 maisons et tuant plusieurs civils, dont deux hommes présentant une incapacité intellectuelle.

(Nairobi) – Des séparatistes armés dans les régions anglophones du Cameroun ont enlevé plus d’une centaine de personnes, incendié des biens et menacé des électeurs dans la période précédant les élections du 9 février 2020. Les forces de sécurité de l’État n’ont pas suffisamment protégé les civils des menaces posées par les séparatistes, mais ont plutôt commis de nouveaux abus à leur encontre au cours de la même période.

« Les dirigeants séparatistes devraient clairement donner pour instruction à leurs combattants de cesser leurs crimes contre les civils », a déclaré Lewis Mudge, directeur pour l’Afrique centrale chez Human Rights Watch. « Le gouvernement du Cameroun devrait veiller à ce que ses forces de sécurité donnent la primauté aux civils, en mettant un terme à leurs violations, en accordant la priorité à la protection des civils et en tenant les auteurs d’abus pour responsables de leurs actes. »

Human Rights Watch a interrogé 55 victimes et témoins de crimes commis par des séparatistes armés et les forces gouvernementales depuis que les élections ont été annoncées en novembre 2019, ainsi que des membres des partis d’opposition, des candidats et d’autres résidents des régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Human Rights Watch a également analysé des images satellites et des séquences vidéo pour corroborer de manière indépendante certains témoignages.

Les affrontements entre séparatistes armés et forces gouvernementales, ainsi qu’entre factions séparatistes rivales, ont fait des morts parmi les civils, des personnes ayant été tuées délibérément ou prises entre deux feux. Plusieurs dizaines de personnes au moins ont été tuées dans de nombreux incidents depuis novembre, selon ce qu’il ressort de l’examen de rapports crédibles des médias, de documents produits par certaines agences des Nations Unies et des recherches de Human Rights Watch. Cependant, en l’absence de mécanisme officiel de surveillance du nombre de civils tués au cours de la crise, la confirmation fiable du nombre de personnes tuées, des circonstances entourant leur mort et des auteurs présumés demeure difficile.

Les séparatistes armés s’en sont pris aux personnes souhaitant participer aux élections législatives et municipales, que ce soit en tant que candidats, fonctionnaires électoraux, activistes ou citoyens. Parmi les personnes ciblées, ont figuré des membres et des partisans du parti du Front social démocrate (Social Democratic Front, SDF), que les séparatistes accusent de ne pas être solidaires de leur cause. Des séparatistes ont incendié au moins trois bureaux de Elections Cameroon (ELECAM), l’organe électoral national, à Misaje, dans la région du Nord-Ouest, le 7 janvier 2020 ; à Babessi, région du Nord-Ouest, le 16 janvier ; et à Tombel, région du Sud-Ouest, le 2 février. Des séparatistes ont également incendié un bureau de poste où était entreposé du matériel électoral à Bafut, dans la région du Nord-Ouest, à la veille des élections, ainsi qu’au moins sept maisons appartenant à des représentants du gouvernement et à des candidats dans diverses localités de la région du Nord-Ouest, depuis novembre 2019.

Plutôt que de protéger les civils contre ces attaques, les forces gouvernementales ont commis elles-mêmes des violations à leur encontre. Entre le 17 et le 20 janvier 2020, les forces de sécurité ont mené une opération militaire à Bali, dans la région du Nord-Ouest, détruisant plus de 50 maisons et tuant plusieurs civils, dont deux hommes présentant une incapacité intellectuelle.

Une femme qui s’est enfuie dans la forêt lorsque les forces de sécurité se sont approchées de son quartier, Sang, a décrit ce qu’elle a vu depuis sa cachette :      

Les militaires sont arrivés le 19 janvier vers 13 heures. Ils sont arrivés à pied et ont commencé à tirer partout. Je me suis enfuie avec mes quatre enfants et je me suis cachée à proximité. J’ai vu comment les soldats ont mis le feu à ma maison ainsi qu’à mon atelier ; ils ont tout détruit.

Les habitants de Bali interrogés ont déclaré que les séparatistes qui étaient en ville avaient fui bien avant l’arrivée des militaires et qu’il n’y avait pas eu d’affrontement entre les forces de sécurité et les séparatistes.

Un résident de Bali âgé de 55 ans dont la maison a été incendiée par les militaires le 17 janvier a expliqué :      

Des dizaines de soldats camerounais sont venus à Bali avec des voitures et des camions blindés. Ils ont pris pour cible les maisons des dirigeants du SDF et les maisons des civils où ils soupçonnaient que les séparatistes se cachaient. L’armée est venue punir et effrayer la population. Alors que les militaires approchaient de mon quartier, Paila, je me suis enfui et je me suis caché. Ma maison a été rasée. J’ai compté 28 soldats en train d’y mettre le feu et d’emporter des sacs d’objets pillés, dont une télévision et de la nourriture.

Les forces de sécurité ont également fouillé l’hôpital du district de Bali le 19 janvier, provoquant la fuite de certains patients qui avaient peur. Un membre du personnel médical de l’hôpital a déclaré à Human Rights Watch :     

J’étais de service lorsque six gendarmes armés sont entrés dans nos locaux vers 13 heures. Ils m’ont demandé où nous cachions et soignions les séparatistes. J’ai répondu que nous n’avions que des patients. Ils voulaient que je leur montre toutes les salles. Ils sont entrés dans toutes les unités, y compris la maternité. J’avais peur de leurs armes, tout comme les patients, et certains ont paniqué et se sont enfuis par peur.

Distribué par African Media Agency (AMA) pour Human Rights Watch.

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