OUAGADOUGOU, Burkina Faso, Janvier 27, 2025 /African Media Agency (AMA)/ – Des avancées significatives ont été réalisées dans la lutte contre le paludisme, mais ces progrès semblent s’enliser. Le Rapport mondial sur le paludisme 2024 de l’OMS fait état de 11 millions de cas de paludisme supplémentaires en 2023 par rapport à 2022. En 2023, 600 000 personnes supplémentaires sont mortes de la maladie, sans amélioration significative par rapport à 2022.
Environ 95 % des décès dus au paludisme surviennent en Afrique, où de nombreuses personnes n’ont toujours pas accès aux services nécessaires pour prévenir, détecter et traiter la maladie. La moitié de ces décès surviennent dans quatre pays africains : le Nigeria (30,9 %), la République Démocratique du Congo (11,3 %), le Niger (5,9 %) et la Tanzanie (4,3 %).
Le Nigeria (26 %), la République Démocratique du Congo (13 %), l’Ouganda (5 %), l’Éthiopie (4 %) et le Mozambique (4 %) sont les pays où le nombre de cas est le plus élevé. Onze pays africains représentent encore les deux tiers du fardeau mondial du paludisme et, malgré les efforts considérables dans le renforcement des engagements politiques en faveur de la lutte contre ce fléau, il est clair qu’il reste encore beaucoup à faire.
Le changement climatique a contribué à la prolifération du paludisme sur le continent. À cela, s’ajoutent les événements météorologiques extrêmes qui rendent plus difficiles le maintien et l’extension des initiatives de prévention et de traitement. Selon le Malaria Atlas Project, en collaboration avec le Boston Consulting Group (BCG), le changement climatique pourrait entraîner 550 000 cas de décès supplémentaires dus au paludisme d’ici à 2050, dont plus de 90 % seraient dus à la perte de protection causée par des conditions météorologiques extrêmes.
“Si la lutte anti-vectorielle est un moyen très efficace en terme de réduction de la transmission du paludisme, des études suggèrent également que le comportement humain et les facteurs sociaux peuvent contribuer à réduire les cas de paludisme dans des zones spécifiques », indique le Dr Martin Lukindu, chercheur postdoctoral à l’Institut de recherche ougandais sur les Virus (UVRI), partenaire de Target Malaria en Ouganda. Modifier le comportement des populations tout en les encourageant à faire des choix différents est l’un des moyens les plus efficaces dans la prévention de la maladie.”
“Les habitants des régions touchées par le paludisme sont confrontés à tant de difficultés qu’ils oublient parfois d’utiliser des moustiquaires ou de suivre des traitements préventifs réguliers, tandis que beaucoup ont du mal à s’offrir les médicaments. Des remèdes traditionnels sont également utilisés pour traiter la maladie et en atténuer les symptômes », ajoute-t-il. « La science travaille à l’éradication du paludisme, et les 86,9 % de parents ougandais qui emmènent leurs enfants fiévreux consulter un médecin montrent que le changement est possible. Toutefois, la science ne peut pas agir seule : les habitants des zones touchées doivent éviter activement les piqûres de moustiques en appliquant les gestes barrières à la maison.”
Le Dr Lukindu met l’accent sur les mesures à mettre en place par les pays et les individus pour se protéger et protéger leur famille contre le paludisme.
1. Utiliser des moustiquaires imprégnées
Il est essentiel pour tous d’utiliser des moustiquaires imprégnées d’insecticide, y compris dans les zones à faible transmission. Les moustiquaires imprégnées d’insecticide à double ingrédient actif (Dual AI) sont les plus efficaces, en particulier contre les espèces de moustiques qui ont développé une résistance à certains insecticides. Ces moustiquaires à double action représentent plus de 78 % des 195 millions de moustiquaires distribuées en Afrique subsaharienne en 2023, soit 59 % de plus qu’en 2022.
2. Vacciner les enfants
Jusqu’à présent, 17 pays africains ont inclus le vaccin antipaludique dans leurs plans de vaccination pour les enfants. Ces vaccins seront encore plus efficaces s’ils sont associés à d’autres outils de prévention du paludisme.
3. Médicaments saisonniers
L’administration de doses mensuelles de médicaments antipaludiques pendant la saison à haut risque est efficace pour protéger du paludisme les enfants de moins de cinq ans, une catégorie susceptible de contracter un paludisme sévère. Le nombre d’enfants africains traités par cycle est passé de 170 000 en 2012 à 53 millions en 2023, cette mesure étant désormais mise en œuvre dans 19 pays.
4. Prise en charge précoce et prise en charge adéquate
Consultez un médecin dès l’apparition de symptômes tels que la fièvre, les maux de tête, les nausées, tremblements et frissons. Les médicaments antipaludiques sont largement disponibles dans les zones à haut risque. Ils sont faciles à prendre et permettent un soulagement rapide des symptômes.
5. Protection des femmes enceintes
Le paludisme peut être mortel pour les femmes enceintes et leurs fœtus. Dans les régions où la transmission du paludisme est modérée ou élevée, il est possible de prévenir le paludisme pendant la grossesse en administrant au moins trois doses de traitement préventif au cours du deuxième trimestre.
6. Investir et faire confiance à la recherche sur le paludisme
De nombreux groupes de recherche dans le monde travaillent à la mise au point de nouveaux outils de lutte contre le paludisme. Il est important de continuer à investir dans ces efforts. Il est essentiel de communiquer avec les cibles appropriées au sujet de ces nouveaux outils afin de s’assurer que toutes les personnes concernées seront disposées à écouter, à comprendre et à faire confiance.
Des organisations à but non lucratif telles que Target Malaria se servent de la technologie de l’impulsion génétique, un type de modification génétique visant à diminuer la population de moustiques transmettant le paludisme et réduire la transmission de la maladie. Une récente étude de modélisation mathématique a examiné comment l’impulsion génétique pourrait être un moyen économique et efficace à long terme et de lutter contre le paludisme, en particulier dans les zones rurales qui portent la majeure partie du fardeau de la maladie.
“Chacun peut avoir une hygiène de vie et des gestes simples dans sa vie de tous les jours afin de se protéger contre le paludisme”, ajoute le Dr Lukindu. “En apprenant à mieux connaître les signes avant-coureurs, on peut également s’assurer que le traitement est administré assez rapidement pour éviter une maladie grave.”
“Target Malaria diffuse régulièrement des informations, telles que des affiches, des vidéos, des pièces de théâtre et des émissions de radio dans les communautés du Burkina Faso, du Ghana et de l’Ouganda, afin de sensibiliser davantage à la maladie.”
Récemment, l’organisation a procédé au lancement de Target Malara: The Game, un jeu numérique accessible à tous, même dans les zones à faible connectivité, et disponible gratuitement en français et en anglais sur Itch.io. Le jeu invite les joueurs à se mettre dans la peau d’un technicien de laboratoire spécialisé dans la modification génétique des moustiques, ce qui permet aux joueurs de tous âges et de tous horizons d’explorer le potentiel des moustiques génétiquement modifiés en tant qu’outil prometteur de lutte contre le paludisme.
“Nos scientifiques s’efforcent de modifier génétiquement les souches de moustiques afin de mettre fin au paludisme à notre ère et de sauver des centaines de milliers de vies africaines. En attendant, les communautés africaines peuvent changer légèrement leurs comportements et utiliser les ressources à leur disposition pour lutter contre la maladie dès maintenant », conclut le Dr Lukindu.
Distribué par African Media Agency pour Target Malaria.
Contact presse
targetmalaria@africanmediaagency.com
A propos de Target Malaria:
Target Malaria est un consortium de recherche à but non lucratif engagé dans le développement et le partage de technologies génétiques novatrices, économiques et durables pour modifier les moustiques et réduire la transmission du paludisme. Notre vision est de contribuer à un monde sans paludisme. Nous aspirons à l’excellence dans tous nos domaines d’activité, en ouvrant la voie à une recherche et à un développement responsables des technologies génétiques, notamment l’impulsion génétique. www.targetmalaria.org