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Tunisie et Libye : des experts de l’ONU condamnent l’expulsion collective de migrants soumis à « un racisme brutal »

Tunisie et Libye : des experts de l’ONU condamnent l’expulsion collective de migrants soumis à « un racisme brutal »

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Des experts des droits de l’homme de l’ONU ont condamné, mercredi, la « récente expulsion collective de migrants et de demandeurs d’asile par la Tunisie », dénonçant les allégations qu’ils auraient été soumis à « un racisme brutal et expulsés arbitrairement vers des conditions dangereuses en Libye ».

NEW YORK, USA, le 11 Novembre 2021,-/African Media Agency (AMA)/-Certains de ces migrants et demandeurs d’asile ont été battus et menacés par les autorités tunisiennes, ont-ils ajouté. « Nous sommes profondément préoccupés par la sécurité, la dignité, l’intégrité physique et les conditions de vie des migrants, en particulier des femmes enceintes et des enfants, qui sont bloqués à la frontière tuniso-libyenne », ont déclaré les experts onusiens.

Les experts indépendants onusiens se sont « alarmés » par les informations selon lesquelles certains migrants qui tentaient d’entrer en Tunisie, dont un enfant, ont été enlevés par un groupe d’hommes armés non identifiés et ils ont été retenus en captivité en Libye ». « Plusieurs autres auraient été arrêtés par les autorités libyennes et emmenés dans des centres de détention », ont-ils ajouté.

Hausse du traitement raciste et xénophobe des migrants d’Afrique subsaharienne

Les migrants et les demandeurs d’asile sont tous originaires des pays d’Afrique subsaharienne. Pour les experts, cela soulève forcément de grandes inquiétudes quant au fait que ces personnes sont soumises à des violations de leurs droits de l’homme en Tunisie et en Libye « sur une base raciale, en particulier à la lumière des rapports que nous avons reçus sur l’augmentation du traitement raciste et xénophobe des migrants d’Afrique subsaharienne ».

« Nous rappelons aux autorités libyennes leur obligation de respecter, protéger et réaliser les droits fondamentaux des migrants, notamment leur droit à la vie, à la liberté, à la sécurité, à la santé, à la nourriture, à un abri, à l’eau et à l’assainissement », ont affirmé les experts.Une demandeuse d’asile porte son bébé alors qu’elle se prépare à embarquer dans un bus vers l’aéroport pour prendre un vol de départ de Libye. ©HCR/Mohamed AlalemUne demandeuse d’asile porte son bébé alors qu’elle se prépare à embarquer dans un bus vers l’aéroport pour prendre un vol de départ de Libye.

Des migrants en situation précaire près de la frontière entre la Tunisie et la Libye

Des rapports des médias et plusieurs vidéos amateur relayées en début octobre par des associations de défense des droits des migrants ont documenté la reconduite à la frontière et l’expulsion de migrants ayant tenté une traversée en bateau de la Tunisie vers l’Europe. Ils auraient été renvoyés dans une zone désertique à la frontière avec la Libye.

Selon les experts indépendants onusiens, des dizaines de migrants originaires d’Afrique subsaharienne se trouvent toujours dans une situation précaire près de la frontière entre la Tunisie et la Libye, où ils n’ont pas accès ni à un abri, ni à la nourriture, ni à l’eau et ni à des soins médicaux et où ils sont confrontés à des menaces extrêmes de torture, d’enlèvement et de violence sexiste et sexuelle.

L’expulsion par la Tunisie de ces migrants et demandeurs d’asile, ainsi que son refus persistant de les laisser revenir sur son territoire, peuvent constituer une violation à ses obligations, en vertu du droit international, ont soulevé les experts.

Respect du principe de non-refoulement surtout vers des pays où les migrants seront soumis à la torture

Ils ont invité Tunis à respecter ses obligations en matière de non-refoulement, qui imposent aux États de ne pas renvoyer des personnes vers des pays où elles risquent d’être soumises à la torture, à des mauvais traitements, à une détention arbitraire ou à d’autres atteintes irréparables.

Les experts indiquent être en contact avec les Gouvernements de la Tunisie et de la Libye pour aborder ces préoccupations.

Outre les 5 membres du Groupe de travail d’experts sur les personnes d’ascendance africaine et les 5 experts du Groupe de travail sur la détention arbitraire, cette déclaration a été soutenue par E. Tendayi Achiume, Rapporteure spéciale sur les formes contemporaines de racisme et Felipe González Morales, Rapporteur spécial sur les droits de l’homme des migrants.

Il y a également Michael Fakhri, Rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation ; Tlaleng Mofokeng, Rapporteure spéciale sur le droit à la santé ; Balakrishnan Rajagopal, Rapporteur spécial sur le logement; Nils Melzer , Rapporteur spécial sur la torture; et Reem Alsalem, Rapporteure spéciale sur la violence à l’égard des femmes.

Distribué par African Media Agency (AMA) pour ONU Info.

Note

Les Rapporteurs spéciaux font partie de ce que l’on appelle les procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme. Les procédures spéciales, le plus grand corps d’experts indépendants du système des droits de l’homme des Nations Unies, est le nom général des mécanismes indépendants d’enquête et de surveillance du Conseil qui traitent soit des situations spécifiques de pays, soit des questions thématiques dans toutes les parties du monde. Les experts des procédures spéciales travaillent sur une base volontaire ; ils ne font pas partie du personnel de l’ONU et ne reçoivent pas de salaire pour leur travail. Ils sont indépendants de tout gouvernement ou organisation et servent à titre individuel.

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