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En visite en RDC, une responsable de l’ONU est alarmée par la situation dans l’Est

En visite en RDC, une responsable de l’ONU est alarmée par la situation dans l’Est

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© UNHCR/Hélène Caux – Richard prie pour son fils, qui a été tué par des hommes armés de CODECO. Il est entouré de sa femme et de ses enfants déplacés à Plaine Savo, dans la province de l’Ituri en République démocratique du Congo.

New York, USA, le 24 Février, 2023/African Media Agency(AMA)/A l’issue d’une visite en République démocratique du Congo, une haute responsable de l’ONU s’est dit alarmée par la détérioration de la situation sécuritaire dans l’est du pays, où le M23 et divers autres groupes armés, dont les ADF, la CODECO et le Zaire, continuent de mener des attaques brutales contre les civils.

« Je condamne fortement ces attaques effroyables en République démocratique du Congo et je réitère l’appel lancé par le Secrétaire général le week-end dernier en faveur d’une ‘action pour la paix’ en Afrique. La violence doit cesser. J’encourage aussi vivement les autorités à redoubler leurs efforts pour contrer la montée de la haine et mettre en œuvre des initiatives ciblées pour promouvoir la confiance et la cohésion au sein et entre les communautés », a déclaré mercredi la Sous-Secrétaire générale des Nations Unies aux droits de l’homme, Ilze Brands Kehris, qui s’est rendue notamment dans la capitale Kinshasa, et dans les villes de Goma et Bunia, dans l’est du pays.

La résurgence des attaques du M23 dans la province du Nord-Kivu au cours des derniers mois a eu un effet particulièrement dévastateur sur la population. Les hostilités au Nord-Kivu ont entraîné un redéploiement des troupes gouvernementales dans ces zones. Cela a créé un vide sécuritaire dans d’autres zones touchées par les conflits, permettant à d’autres groupes armés de gagner du terrain et de semer la terreur dans les villes, les villages et les camps de personnes déplacées. Cet environnement tendu a favorisé la désinformation, les préjugés et les discours de haine contre des groupes ethniques spécifiques, accroissant le risque de nouvelles violences, a observé le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme dans un communiqué de presse.

© UNHCR/Hélène Caux – Des personnes déplacées par la violence dans la province de l’Ituri, dans l’est de la République démocratique du Congo.

Traiter les traumatismes présents et passés

« À Goma et à Bunia, j’ai été frappée par la détermination des victimes, des représentants de la société civile et des communautés touchées par le conflit à aller de l’avant. J’ai écouté leurs témoignages individuels sur la violence subie ainsi que leurs propositions d’action. Et j’ai écouté attentivement leurs appels sur la façon dont les Nations Unies et la communauté internationale peuvent aider le peuple et le gouvernement congolais à mettre fin aux conflits et à traiter les traumatismes présents et passés », a ajouté Mme Brands Kehris.

Dans la province de l’Ituri, la haute fonctionnaire des Nations Unies chargée des droits de l’homme a été profondément bouleversée par les conditions de vie des personnes contraintes de fuir leur foyer à cause du conflit. Dans un camp de personnes déplacées, près de Bunia, de nombreux hommes, femmes et enfants étaient en manque extrême de nourriture, de soins médicaux et de soutien psychosocial. La situation était encore plus critique pour les personnes les plus vulnérables – celles qui ont été mutilées, les personnes âgées et les autres.

« Dans le pays qui compte le troisième plus grand nombre de personnes déplacées au monde, les situations de déplacement de longue durée dans des conditions précaires nous rappellent avec violence que la satisfaction des besoins humanitaires de base est une question de droits humains », a souligné Mme Brands Kehris.

Pour les enfants touchés par les conflits et les déplacements, le manque d’accès à la scolarisation qui est en soi une violation de leur droit à l’éducation, a un impact durable sur leur vie entière. Il accroît notamment leur risque d’exposition à des activités criminelles et les rend encore plus vulnérables au recrutement par ces mêmes groupes armés qui ont traumatisé leur enfance.

© UNHCR/Hélène Caux – De nombreux villages du territoire de Djugu, en Ituri, sont abandonnés après avoir été attaqués par des groupes armés, principalement par la CODECO (Coopérative pour le développement du Congo).

Un sentiment d’abandon

Les massacres, les mutilations et les violences sexuelles liées au conflit continuent d’être perpétrés. Les survivants de violences effroyables et d’autres abus ont exprimé à la Sous-Secrétaire générale leur sentiment d’abandon. Exprimant leur douleur et leur frustration, une victime a déploré le manque de reconnaissance par la communauté internationale de leur souffrance.

« Dans ce contexte difficile, les réponses militaires à la menace des groupes armés doivent donner la priorité à la protection des civils. En outre, le respect des droits de l’homme et du droit international humanitaire par toutes les forces armées en République démocratique du Congo est non seulement une obligation, mais aussi une question d’efficacité », a-t-elle déclaré.

Mme Brands Kehris a réaffirmé la disposition du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme d’assister à la mise en place d’un cadre de conformité approprié pour les forces de sécurité. « Nous demeurons pleinement disposés à nous engager avec la Force régionale de la Communauté d’Afrique de l’Est, approuvée par l’Union africaine, en étroite coordination avec la MONUSCO (Mission des Nations Unies en RDC) et les forces armées congolaises », a-t-elle ajouté.

Au cours de sa visite de dix jours, la Sous-Secrétaire générale a rencontré le Premier ministre Sama Lukonde, les Présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat, ainsi que de hauts responsables du gouvernement, notamment les ministres chargés de la justice, des droits de l’homme et de la défense nationale. Elle a également rencontré les gouverneurs militaires des provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, des hauts responsables militaires et civils de la justice, des dirigeants communautaires, des organisations de la société civile, notamment des associations de victimes, ainsi que des représentants de la communauté diplomatique, de la force régionale de la Communauté d’Afrique de l’Est et du système des Nations Unies, en particulier la MONUSCO. 

Justice transitionnelle

Elle a salué les progrès récents en matière de justice transitionnelle, notamment les consultations populaires organisées dans plusieurs provinces, comme un signe clair d’espoir pour l’avenir.

« Ces mesures importantes montrent la volonté du peuple congolais de surmonter les traumatismes du passé et d’établir de nouvelles bases pour la paix et la stabilité », a-t-elle dit.

La haute fonctionnaire de l’ONU a souligné que « pour être efficaces, les initiatives de justice transitionnelle, fondées sur une approche holistique, doivent se concentrer davantage sur les besoins et la participation des victimes, et doivent être mises en œuvre en coordination avec le Programme gouvernemental de désarmement, démobilisation, réhabilitation communautaire et stabilisation ».

« Ces initiatives et les programmes connexes sont complexes et nécessitent des ressources adéquates de la part des autorités nationales et de leurs partenaires. J’appelle tous les partenaires de la République démocratique du Congo à faire du soutien au processus de justice transitionnelle du pays l’un de leurs domaines prioritaires. Si l’on ne s’efforce pas de s’attaquer aux causes profondes du conflit, les crises humanitaires et la situation des droits de l’homme risquent de s’aggraver de façon dramatique », a-t-elle ajouté.

Elections prévues en décembre

Alors que la République démocratique du Congo se prépare à des élections prévues en décembre 2023, la Sous-Secrétaire générale de l’ONU a souligné que les responsables et acteurs politiques de tous bords ont la responsabilité de contribuer à garantir des élections libres, équitables et inclusives. Elle a également appelé à la protection de l’espace civique, exprimant sa profonde inquiétude face à la pression accrue exercée sur les journalistes et les défenseurs des droits de l’homme. Elle a exhorté toutes les parties prenantes à préserver un environnement dans lequel tous les Congolais peuvent exercer leurs droits de s’exprimer librement, de se réunir pacifiquement et de voter, ajoutant qu’il est « essentiel d’éviter l’instrumentalisation des tensions intercommunautaires, y compris par la désinformation, ce qui pourrait accroître encore le risque de violence ».

En outre, ayant entendu des témoignages de première main de citoyens congolais empêchés de s’inscrire sur les listes électorales en raison de leur appartenance ethnique ou de leur situation de personne déplacée, elle a exhorté les autorités à prendre toutes les mesures nécessaires pour que l’inscription soit ouverte et accessible à tous, y compris aux personnes contraintes de quitter leur domicile en raison de la violence.

Mme Brands Kehris a salué l’évolution positive des réformes juridiques, en particulier l’adoption et la promulgation de lois sur les droits des peuples autochtones et des personnes en situation de handicap. Tout en saluant l’engagement des autorités congolaises, elle les a encouragées à continuer de fournir à leurs citoyens un cadre juridique qui protège leurs droits fondamentaux et à assurer la mise en œuvre effective des lois adoptées.

Alors que la MONUSCO se prépare à sa transition, elle a affirmé que le Bureau conjoint des Nations Unies pour les droits de l’homme dans le pays continuera à soutenir le gouvernement pour consolider les progrès réalisés dans la lutte contre l’impunité, la mise en œuvre des lois relatives aux droits de l’homme récemment adoptées, et la mise en œuvre du processus de justice transitionnelle.

« Guidé par la Déclaration universelle des droits de l’homme, dont nous célébrons cette année le 75ème anniversaire, le Bureau des droits de l’homme des Nations unies est prêt à poursuivre son travail pour soutenir le pays dans ses efforts pour surmonter les défis qui subsistent en matière de droits de l’homme. Ceci est notre engagement ferme et que j’ai exprimé personnellement lors des réunions tenues tout au long de ma visite », a conclu la Sous-Secrétaire générale des Nations Unies aux droits de l’homme.

Distribué par  African Media Agency pour Onu Info

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