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En Afrique, le déficit de financement et la pandémie de Covid-19 freinent la lutte contre la tuberculose

En Afrique, le déficit de financement et la pandémie de Covid-19 freinent la lutte contre la tuberculose

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NEW YORK, USA, Le 25 Mars 2022 -/African Media Agency (AMA)/-Le déficit des financements consacrés à la lutte contre la tuberculose en Afrique et la pandémie de Covid-19 menacent de ralentir les progrès réalisés jusqu’à présent sur le continent, selon une évaluation de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

Cette alerte de l’Agence sanitaire mondiale de l’ONU intervient alors que les décès dus à la tuberculose ont augmenté pour la première fois en dix ans dans le monde. L’Afrique a signalé 549.000 décès en 2020, soit une augmentation d’environ 2000 par rapport à 2019.

« L’Afrique a jusqu’à présent bien progressé dans la lutte contre la tuberculose et nous ne pouvons pas nous permettre de perdre de vue ce qui est nécessaire pour alléger la charge et sauver des vies », a déclaré dans un communiqué, la Dre Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique.

Baisse de détection des cas de 80% au Gabon

En raison des perturbations de la pandémie de Covid-19 sur les services de santé, le nombre de nouveaux cas de tuberculose détectés a également diminué dans les pays africains à forte charge de morbidité. Le Gabon a enregistré la plus forte baisse.

A Libreville, le nombre de cas nouvellement détectés ayant chuté de 80% en 2020 par rapport à l’année précédente. Le Botswana a signalé une baisse de 20% et le Lesotho de 35%. « La tuberculose est évitable et traitable, et des millions de vies ont été sauvées », a ajouté la Dre Moeti.

En outre, 28% de patients en moins atteints de tuberculose résistante aux médicaments ont été détectés en Afrique en 2020 par rapport à l’année précédente. En Afrique du Sud, qui détecte le plus grand nombre de cas de tuberculose résistante aux médicaments sur le continent, 48% de personnes en moins avec la souche résistante aux médicaments ont été détectées en 2020 par rapport à 2019.

Ces données préoccupantes sont publiées alors que le continent doit faire face à un déficit de financement. Chaque année, la région africaine a besoin d’au moins 1,3 milliard de dollars pour la prévention et le traitement de la tuberculose.

Toutefois, les pays contribuent à hauteur de 22% au budget nécessaire, tandis que les financements extérieurs représentent 34%. Le reste du budget reste non financé, ce qui compromet gravement les efforts déployés pour éliminer la maladie.

Le défi de la lutte en plein « sous-investissement financier chronique »

« Nous devons mettre fin au sous-investissement chronique qui maintient la charge de la tuberculose à un niveau élevé, laisse un très grand nombre de cas non détectés et nuit à la prévention et au traitement » a insisté la Dre Moeti.

Selon la branche africaine de l’OMS, le sous-financement des programmes de lutte contre la tuberculose a un impact important sur la détection de la maladie. Sur les 2,5 millions de cas de tuberculose estimés en 2020 en Afrique, seuls 1,4 million ont été détectés et mis sous traitement. En moyenne, 56% des cas ont été détectés et inscrits sous traitement entre 2015 et 2020.

Or le continent africain abrite 17 des 30 pays à forte charge de tuberculose dans le monde. Les 2,5 millions de cas estimés dans la région en 2020 représentaient un quart de la charge mondiale, avec plus d’un demi-million de vies africaines malheureusement perdues à cause de cette maladie curable et évitable.

Toutefois, les pays africains ont réalisé des progrès dans la lutte contre la tuberculose. L’Afrique du Sud, par exemple, a régulièrement augmenté le financement national pour lutter contre la tuberculose, allouant 81% des ressources financières, tandis que la Zambie a multiplié par sept son financement national depuis 2015.

Le pari d’une baisse annuelle des cas de 17% pour réduire les cas de 80% et les décès de 90% d’ici 2030

Dans le cadre de la stratégie de l’OMS, les pays doivent viser à réduire les cas de tuberculose de 80% et à diminuer les décès de 90% d’ici 2030 par rapport à 2015.  L’étape intermédiaire de 2025 vise une réduction de 50% des cas et de 75% des décès.

Mais pour y arriver, les cas de tuberculose devraient diminuer de 10% chaque année pour atteindre l’objectif de 2025. Or le taux actuel de baisse des cas est de 2% en Afrique. Dans ces conditions, les pays devraient réduire les cas de 17 % chaque année, de 2025 à 2030.

Dans ce combat, la stratégie « Halte à la tuberculose » comprend également un objectif clé qui vise à réduire le « coût catastrophique des traitements » sur les familles. Cependant, une enquête de l’OMS menée dans 10 pays d’Afrique a montré que 49 % des ménages touchés par la tuberculose subissaient des coûts catastrophiques.

Aucun pays d’Afrique n’a encore démontré qu’il avait atteint l’objectif selon lequel aucun ménage touché par la tuberculose ne doit faire face à des coûts catastrophiques, a souligné l’OMS. « La route vers l’éradication de la tuberculose risque d’être longue et difficile, car des étapes clés risquent d’être manquées. Les pays doivent intensifier la réponse pour atténuer les souffrances et les décès causés à des millions de personnes par la tuberculose », a conclu la Dre Moeti.

Distribué par African Media Agency (AMA) pour ONU Info.

 

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