Présent au lancement officiel du TERSAA à Lomé le 25 janvier dernier, le directeur exécutif de l’ONG française Acting For Life, Bertrand LEBEL revient sur l’ambition de son organisation à s’impliquer dans la mise en œuvre du projet « Transition des systèmes agricoles et alimentaires sur les territoires » et sur l’exigence d’avoir des produits locaux de qualité sur les marchés.
Ecovisionafrik : Que peut-on retenir principalement du projet « Transition des systèmes agricoles et alimentaires sur les territoires (TERSAA) » ?
Bertrand LEBEL : TERSAA est un programme conçu avec tous nos partenaires. Il est le fruit des travaux menés ensemble sur la thématique de commercialisation sur l’agriculture familiale. Ces agriculteurs ont besoin de pouvoir écouler une partie de leur production sur le marché pour augmenter leur revenu. Et nous pensons qu’il y a des moyens d’améliorer les revenus tirés de ces activités. Pour cela, nous avons développé une approche en nous concentrant sur quelques sujets entre autres le stockage, le transport pour éviter les pertes post-récoltes ; la distribution et la commercialisation pour pérenniser l’accès aux marchés ; la certification des produits en allant vers une certification locale pour donner une valeur ajoutée aux produits.
Une autre priorité est la promotion des produits locaux, promouvoir le consommer local par rapport à une nourriture trop industrielle et internationale qui provoque une espèce de pandémie d’obésité à travers le monde. Ainsi, je pense qu’il faut trouver des pratiques alimentaires disponibles sur le territoire et des opportunités d’achat institutionnel telles que les cantines scolaires.
Quelles sont les filières concernées par ce projet ?
Dans ce projet, nous avons identifié plusieurs filières notamment les produits vivriers, les produits maraîchers, le riz, le mil, le lait et ses dérivés.
Avec le TERSAA, l’ambition est-elle d’aller vers une agriculture extensive ou juste une valorisation de l’agriculture familiale ?
En fait, c’est une valorisation de l’agro-écologie et non une agriculture extensive à travers le monde et c’est pratiquement vrai en Afrique de l’ouest. L’importance de l’agriculture paysanne et familiale c’est 500 millions d’exploitations représentant 70% de l’alimentation mondiale, et c’est extrêmement important. La pérennité de cette agriculture représente un emploi considérable dans le monde entier, une conservation de la biodiversité, de la résilience au changement climatique. L’intérêt, c’est d’atteindre l’objectif global sur chaque territoire avec les atouts de chaque territoire en essayant de mobiliser tous les acteurs de ce territoire que ce soit à travers les politiques publiques, les acheteurs, les organisations paysannes ou les consommateurs eux-mêmes à travers des campagnes de consommer local.
Est-ce l’effet boule de neige que vous recherchez à travers l’approche territoires ?
L’approche territoire va faire boule de neige. On voit que si on est capable de bien s’organiser sur un territoire et bien mobiliser les acteurs, l’objectif commun c’est d’avoir des résultats très intéressants en matière de valeurs ajoutées sur la filière.
Quelle est l’idée derrière cette rencontre ?
L’idée de la présente rencontre c’est de partager les différentes approches de chacun d’une part, et d’autre part quelle approche pour mettre en place un système à la fois de partage d’expériences et de capitalisation sur l’ensemble du projet.
En combinant l’objectif global du projet et l’expérience des différents acteurs venant de territoire différent, il s’agira d’anticiper le changement des chaines pour avoir des approches plus intéressantes que l’approche expérimentale.
Amener les producteurs à avoir plus de volume de production, ça c’est un premier point. Deuxièmement c’est ce qui intéresse nos bailleurs de fonds notamment l’AFD, c’est de pouvoir retirer des expériences sur les différents types d’approche.
Par exemple, si on parle de stockage, on va construire des entrepôts de stockage des produits pour ne pas avoir des pertes agricoles. Le problème qui va se poser c’est la gestion de l’entrepôt,, sous quelle forme ? Est-ce qu’on créé une coopérative pour faire cela ? on le confie à un spécialiste de stockage ou de l’entreposage mais avec des règles qui permettent de préserver de la valeur pour les paysans. Tous ces aspects seront traités à travers ce projet, et à la fin tirer des enseignements pour les faire partager.
Est-ce que nous parlons de production biologique ?
En fait, on se rend compte que si vous diminuez les intrants, vous êtes capables en termes de coût de production de réduire le coût de production, et ensuite en utilisant des méthodes traditionnelles ou innovantes, vous êtes capable d’avoir des rendements tout à fait intéressants. A la fin, un type de production qui a une plus grande valeur ajoutée sur le marché.
Avec le TERSAA, parlons-nous de produits naturels ou biologiques ?
C‘est la partie certification. Nous allons faire un premier type de certification pour voir si le produit est biologique ou pas. Un second type de certification qui sera plus territoriale, permettra d’identifier un produit en fonction de son territoire de provenance.
Propos recueillis et transcrits par Anderson AKUE