Le variant Omicron atteint davantage de pays en Afrique et les cas hebdomadaires ont bondi de plus de 90% par rapport à la semaine précédente sur le continent, a alerté jeudi l’Organisation mondiale de la santé (OMS), relevant toutefois « des signes d’espoir car les hospitalisations restent faibles en Afrique du Sud où seuls 6% des lits de soins intensifs sont occupés par des patients atteints du nouveau coronavirus ».
NEW YORK, USA, le 10 Decembre 2021,-/African Media Agency (AMA)/-Face à l’affolement suscité par le nouveau variant dans le monde, les recherches s’intensifient pour déterminer si Omicron est à l’origine de la recrudescence des cas observés en Afrique. En attendant, les nouvelles données en provenance d’Afrique du Sud indiquent qu’Omicron pourrait provoquer une maladie moins grave.
Les études ayant porté sur les hospitalisations dans tout le pays entre le 14 novembre et le 4 décembre ont révélé que le taux d’occupation des unités de soins intensifs n’était que de 6,3 %. « Cela est très faible par rapport à la même période quand l’Afrique du Sud fut confrontée au pic lié à la variante Delta en juillet dernier », a précisé l’OMS.
Sur 1.200 admissions, seules quatre étaient sous ventilation en Afrique du Sud
Les données sur la même période et provenant de l’un des districts sanitaires sud-africains les plus touchés par Omicron ont révélé que sur plus de 1.200 admissions, 98 recevaient de l’oxygène supplémentaire et seulement quatre étaient sous ventilation.
« Il s’agit de données très préliminaires avec un échantillon de petite taille et la plupart des personnes admises dans les établissements de santé étaient âgées de moins de 40 ans. Et il nous faudra encore au moins deux à trois semaines pour déterminer les effets complets d’Omicron », a déclaré lors d’une conférence de presse virtuelle depuis Brazzaville (Congo), Dr Richard Mihigo, Coordonnateur du Programme de vaccination et de mise au point des vaccins au Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique.
Selon la Branche africaine de l’OMS, l’Afrique a enregistré plus de 107.000 cas au cours de la semaine se terminant le 5 décembre, contre environ 55.000. Cinq pays sont à l’origine de 86% des cas signalés au cours de la semaine écoulée et toutes les sous-régions du continent – contre une seule la semaine précédente – ont enregistré une augmentation du nombre de nouveaux cas. L’Afrique australe a enregistré la plus forte augmentation avec une hausse de 140%, principalement due à une augmentation en Afrique du Sud.
L’Afrique représente actuellement 46% des quelque 1.000 cas d’Omicron
« Les chercheurs travaillent jour et nuit pour déterminer si Omicron, le nouveau variant, est plus contagieux, provoque des maladies graves ou si il a un impact sur les vaccins et les traitements », a ajouté le Dr Mihigo, revenant sur l’hypothèse selon laquelle « les vaccins actuels pourraient ne pas protéger les gens contre Omicron ».
Mais jusqu’à présent, l’OMS estime qu’il n’y a pas « de preuve concluante que les vaccins sont inefficaces contre ce nouveau variant ». « Les vaccins ont protégé les personnes contre les maladies graves et les hospitalisations dues aux autres variantes préoccupantes, et il n’a pas été nécessaire de modifier ces vaccins », a précisé le Dr Mihigo.
Selon l’Agence sanitaire mondiale de l’ONU, l’Afrique représente actuellement 46% des quelque 1.000 cas d’Omicron signalés par près d’une soixantaine de pays de différentes régions du monde. Jusqu’à présent, 10 pays africains ont signalé des cas.
« Omicron étant désormais présent dans près de 60 pays dans le monde, les interdictions de voyager qui visent principalement les pays africains sont difficiles à justifier », a déclaré dans un communiqué la Dre Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique.
Plus de 8,8 millions de cas de Covid-19 en Afrique, dont plus de 220.000 décès
Malgré la présence généralisée d’Omicron dans le monde, plus de 70 pays ont imposé des interdictions de voyager qui visent principalement les pays d’Afrique australe – dont certains n’ont encore signalé aucun cas d’Omicron. Or pour l’OMS, « grâce aux efforts de surveillance diligents des scientifiques africains, le nouveau variant préoccupant a été détecté pour la première fois sur ce continent, mais on ne sait pas si la transmission se faisait silencieusement dans d’autres régions ».
L’Agence sanitaire mondiale de l’ONU appelle à « des mesures de santé publique fondées sur la science pour contrer la propagation de la Covid-19 ». « Les restrictions de voyage interviennent au plus fort de la saison touristique de fin d’année, ravageant les économies africaines, avec un effet d’entraînement potentiellement dévastateur pour la santé des Africains », a ajouté la Dre Moeti.
La pandémie a fait plus de 266 millions de cas dans le monde dont au moins 5.268.849 morts dans le monde depuis fin 2019, selon un bilan établi jeudi par l’OMS. Et l’Afrique compte désormais plus de 8,8 millions de cas de Covid-19, dont plus de 220.000 décès.
Sur le plan de la vaccination, le continent a reçu, à ce jour, plus de 372 millions de doses de vaccin Covid-19 et en a administré 248 millions. Cela ne représente que 3 % des 8,2 milliards de doses administrées dans le monde. Bien que le rythme de la vaccination se soit accéléré au cours des derniers mois, seulement 7,8% de la population africaine est entièrement vaccinée, selon l’OMS.
Les fêtes de fin d’année, les voyages et une vaccination limitée sont un cocktail inquiétant
« Ce que nous savons, c’est que la distribution inégale des vaccins dans le monde crée un environnement idéal pour l’émergence et la propagation explosive des variants, et les régions ayant le moins accès aux vaccins semblent devoir en souffrir le plus », a fustigé la Dre Moeti, rappelant qu’avec « les voyages et les festivités de fin d’année qui nous attendent, la vaccination limitée, l’augmentation des cas de Covid-19 et le nouveau variant dressent un tableau inquiétant » pour le continent africain.
De nombreux pays africains n’ont pas encore administré la majeure partie de leurs stocks de vaccins. Seuls 10 pays contre 12 la semaine précédente, disposent de moins de 10 doses pour 100 personnes. Si l’on considère les vaccins reçus il y a huit semaines ou plus, 27 pays ont utilisé au moins 80% des doses reçues. Vingt-trois pays ont utilisé entre 50 et 79%, et deux ont utilisé moins de 50% des doses reçues.
Selon l’OMS, seuls six des 54 pays d’Afrique ont atteint l’objectif mondial de vaccination de 40% de leur population d’ici la fin de l’année, laissant des millions de personnes du continent sans protection contre le nouveau coronavirus. « Cette situation est tout simplement dangereuse et intenable », a conclu le Dr Richard Mihigo.
Distribué par African Media Agency (AMA) pour ONU Info.