GENEVE, Suisse, le 25 Mars 2020,-/African Media Agency (AMA)/- L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) publie de nouvelles orientations pour aider les pays à déployer plus largement le traitement préventif de la tuberculose et éviter ainsi que les personnes ayant une infection tuberculeuse tombent malades.
D’après les estimations, un quart de la population mondiale serait infectée par le bacille tuberculeux. Ces personnes ne sont ni malades ni contagieuses. Cependant, elles risquent davantage de développer la tuberculose-maladie, en particulier si leur système immunitaire est déjà affaibli. Le traitement préventif permettra d’empêcher qu’elles tombent malades tout en réduisant le risque de transmission dans la population générale.
Alors que nous nous apprêtons à célébrer la Journée mondiale de lutte contre la tuberculose 2020, la maladie demeure l’infection la plus meurtrière au niveau planétaire. En 2018, 10 millions de personnes sont tombées malades de la tuberculose, qui a coûté la vie à 1,5 million de personnes.
« La COVID-19 montre combien les personnes qui ont une maladie pulmonaire et un système immunitaire affaibli peuvent être vulnérables », a déclaré le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS. « Le monde s’est engagé à mettre fin à la tuberculose d’ici à 2030 : une meilleure prévention est indispensable pour y parvenir. Des millions de personnes doivent pouvoir prendre un traitement préventif afin d’empêcher l’apparition de la maladie, d’éviter des souffrances et de sauver des vies. »
Le Dr Tedros a souligné qu’il est indispensable, lors de flambées mondiales comme celle de la COVID-19, de continuer à agir face aux problèmes de santé qui perdurent, dont la tuberculose. Parallèlement, on peut s’appuyer sur les programmes existants contre la tuberculose et d’autres grandes maladies infectieuses pour agir plus efficacement et rapidement contre la COVID-19.
Même si des progrès ont été accomplis vers les cibles fixées à la réunion de haut niveau des Nations Unies pour mettre fin à la tuberculose, en 2018, le traitement préventif de la tuberculose a été largement négligé. Les dirigeants mondiaux se sont engagés à garantir l’accès au traitement préventif de la tuberculose pour au moins 24 millions de contacts de personnes ayant une tuberculose évolutive, et pour 6 millions de personnes vivant avec le VIH, d’ici à 2022. Nous sommes loin du compte aujourd’hui : en 2018, les pays ont placé sous traitement préventif moins de 430 000 contacts et 1,8 million de personnes.
La tuberculose reste la principale cause de décès chez les personnes atteintes du VIH. Le traitement préventif agit en synergie avec le traitement antirétroviral pour prévenir la tuberculose et sauver des vies. Les gouvernements, les services de santé, les partenaires, les donateurs et la société civile devront redoubler d’efforts pour faciliter l’accès au traitement préventif de la tuberculose et atteindre les cibles.
Ces nouvelles lignes directrices consolidées recommandent toute une gamme d’approches novatrices pour renforcer l’accès au traitement préventif de la tuberculose :
- L’OMS recommande d’intensifier le traitement préventif de la tuberculose parmi les populations les plus à risque, y compris les contacts de patients tuberculeux au sein du foyer, les personnes vivant avec le VIH et les autres personnes à risque ayant une immunité réduite ou vivant dans des lieux très fréquentés.
- L’OMS recommande d’intégrer les services de traitement préventif de la tuberculose aux initiatives actuelles de recherche des cas de tuberculose évolutive. Tous les contacts de patients tuberculeux au sein du ménage, ainsi que les personnes vivant avec le VIH, doivent être dépistés pour la tuberculose évolutive. Si la maladie est exclue, un traitement préventif doit être entamé.
- Pour dépister l’infection tuberculeuse, l’OMS recommande d’utiliser soit le test cutané à la tuberculine, soit le test de détection de l’interféron gamma. Ces deux moyens de dépistage sont utiles pour trouver les personnes qui tireraient le plus grand bénéfice du traitement préventif, mais ne doivent pas empêcher de renforcer l’accès. Pour les personnes vivant avec le VIH et pour les enfants de moins de 5 ans en contact avec des personnes ayant une tuberculose évolutive, le dépistage de l’infection tuberculeuse n’est pas requis avant d’entamer le traitement préventif.
- L’OMS recommande de nouveaux schémas plus courts de traitement préventif, en plus du schéma classique reposant sur l’administration quotidienne d’isoniazide pendant 6 mois. Ces options thérapeutiques sont : l’administration quotidienne de rifapentine et d’isoniazide pendant 1 mois, l’administration hebdomadaire de rifapentine et d’isoniazide pendant 3 mois, l’administration quotidienne de rifampicine et d’isoniazide pendant 3 mois et l’administration quotidienne de rifampicine seule pendant 4 mois.
« Alors que, partout dans le monde, les gens s’unissent pour commémorer la Journée mondiale de lutte contre la tuberculose, l’OMS appelle les gouvernements, les communautés touchées, les organisations de la société civile, les prestataires de soins, les donateurs, les partenaires et l’industrie à unir leurs forces et à renforcer l’action – en particulier pour le traitement préventif – afin que personne ne soit laissé de côté », a déclaré la Dre Tereza Kasaeva, Directrice du Programme mondial de lutte contre la tuberculose. « Ces nouvelles orientations de l’OMS montrent la voie à suivre pour que des millions de personnes aient rapidement accès à de nouveaux outils et à des schémas plus courts et plus sûrs de traitement préventif. Il faut agir dès maintenant. »
Le traitement préventif est une intervention peu coûteuse qui peut empêcher les familles de sombrer dans la pauvreté et préserver la santé et l’économie de communautés entières. L’OMS prévoit qu’à mesure que de nouveaux médicaments plus sûrs vont arriver sur le marché, et que les prix vont chuter, cela deviendra un moyen très efficace de sauver des millions de vies.
Notes aux rédacteurs
Action de l’OMS et de ses partenaires
L’OMS œuvre en étroite collaboration avec les États Membres, y compris le Gouvernement des États-Unis et des partenaires techniques et de financement tels qu’UNITAID pour améliorer l’accès à des schémas de traitement préventif plus courts. Les projets financés par UNITAID, comme IMPAACT4TB et Cap-TB, menés avec le concours de l’OMS et d’autres partenaires en Afrique du Sud, au Brésil, au Cambodge, au Cameroun, en Côte d’Ivoire, en Éthiopie, au Ghana, en Inde, en Indonésie, au Kenya, au Lesotho, au Malawi, au Mozambique, en Ouganda, en République démocratique du Congo, en République-Unie de Tanzanie et au Zimbabwe ouvrent la voie. Ces nouveaux schémas thérapeutiques sont aussi désormais plus accessibles, grâce à la forte baisse du prix de la rifapentine – un médicament clé – récemment obtenue par UNITAID, le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme et le groupe biopharmaceutique mondial Sanofi, et des accords sont actuellement négociés avec les fabricants de génériques.
En savoir plus sur les lignes directrices
Ces nouvelles lignes directrices consolidées de l’OMS sont accompagnées d’un manuel opérationnel expliquant point par point aux pays comment mettre en place le traitement préventif à grande échelle. Ce document donne des indications sur la fixation des priorités et sur l’investissement, depuis la création de la demande de prévention jusqu’à l’encadrement et au suivi du programme.
Ces lignes directrices et ce manuel opérationnel sont également complétés par une application mobile innovante – Prevent TB – pour aider les agents de santé à gérer la mise en place du traitement préventif au sein de leur communauté. Son tableau de bord en ligne permet aux administrateurs de programme de visualiser et de suivre les données en temps réel. L’application peut être adaptée au contexte national, elle est en train d’être adoptée en Inde et aux Philippines.
Journée mondiale de lutte contre la tuberculose
Ces nouvelles lignes directrices et ces outils sont mis à disposition à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre la tuberculose. Cette Journée est célébrée chaque année le 24 mars afin de sensibiliser le public et de l’informer sur la maladie infectieuse la plus meurtrière au niveau planétaire et sur ses conséquences sanitaires, sociales et économiques dévastatrices sur les peuples du monde. Cette année, le slogan de la campagne est « Le moment est venu de mettre fin à la tuberculose ». Il s’agit d’intensifier rapidement l’action pour sauver des vies et mettre un terme aux souffrances.
Distribué par African Media Agency (AMA) pour l’OMS.