Le conflit, l’insécurité, la pandémie de Covid-19 et la détérioration des conditions socio-économiques entraînent une augmentation de la traite des enfants, du travail forcé et du recrutement forcé par des groupes armés au Mali, a mis en garde mardi le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR).
NEW YORK, USA, le 03 Decembre 2020,-/African Media Agency (AMA)/-Des nombreux cas de recrutement d’enfants sont signalés. Au cours du premier semestre de cette année, 230 cas ont été recensés. Il s’agit de quinze cas de plus par rapport à toute l’année 2019 (215 cas), selon un rapport récemment publié par le Groupe mondial de la protection (GPC), un réseau dirigé par le HCR qui regroupe des agences des Nations Unies et des ONG assurant des prestations de protection aux personnes affectées par les crises humanitaires.
Selon l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, des groupes armés se livrent également au trafic d’enfants destinés au travail dans les mines d’or, utilisant les profits pour enrichir les combattants des groupes armés. Ce trafic permet d’alimenter le commerce des armes et financer la violence. « Des [taxes] exorbitantes sont également imposées aux adultes qui travaillent dans ces mines d’or », relève le rapport.
Près de 6.000 enfants travaillent dans huit sites miniers maliens
« Les enfants sont forcés à combattre par des groupes armés. Ils sont victimes de la traite des êtres humains, de viols, de vente, ils sont forcés à la servitude sexuelle ou domestique, ou au mariage précoce », a déclaré Gillian Triggs, Haut-Commissaire assistante du HCR chargée de la protection internationale. Encore davantage d’enfants sont « en danger au Sahel, une région en passe de devenir la crise humanitaire qui connaît la croissance la plus rapide au monde ».
Par ailleurs, dans la région de Mopti, des femmes et des jeunes filles sont « enlevées, agressées sexuellement et violées ». Plus de 1.000 cas y ont déjà été enregistrés depuis le début de cette année.
Le HCR craint également que les mariages d’enfants n’augmentent de façon exponentielle dans un pays où, selon les estimations, plus de la moitié des filles sont mariées avant l’âge de 18 ans.
De plus, de nombreux enfants sont également poussés vers les mines d’or informelles, notamment à Gao et Kidal où de nombreuses zones sont contrôlées par des groupes armés. Selon le HCR, quelque 6.000 enfants, en grande majorité des garçons, travaillent dans huit sites miniers du pays.
Comme les écoles restent fermées en raison du conflit, de l’insécurité, de la pandémie de Covid-19 ou des grèves d’enseignants, ces enfants sont à la merci des groupes armés. Ils sont exposés dans ces mines « aux pires formes de travail des enfants, à l’exploitation économique, à la violence sexuelle, physique et psychologique ».
Certains enfants sont arrivés « à crédit » sur le site, car leur transport et leur alimentation ont été préfinancés par une tierce partie. Selon l’agence onusienne, d’autres ont déclaré avoir travaillé des journées entières sans être payés par leur employeur. Les enfants sont contraints de travailler pendant des périodes indéterminées jusqu’au remboursement de leurs « dettes » de recrutement et de voyage.
Des victimes maliennes, mais aussi des réfugiés et des migrants
Les victimes sont des Maliens ainsi que des réfugiés, des demandeurs d’asile ou des migrants. « Du fait du conflit et de la détérioration socio-économique aggravée par la pandémie, nous constatons certaines des violations des droits humains parmi les plus flagrantes au Sahel », a ajouté Mme Triggs.
Malgré le conflit et les restrictions de circulation imposées par le conflit et la crise de Covid-19, le Mali reste un incontournable pays de transit pour les réfugiés et les migrants qui tentent d’atteindre l’Afrique du Nord et l’Europe. Certaines personnes en transit sont victimes de la traite et envoyées au travail forcé dans le secteur agricole tandis que d’autres, notamment des femmes, tombent en chemin entre les mains de passeurs vers des emplois promis en Afrique du Nord, en Europe et au Moyen-Orient.
Selon le HCR, d’autres encore sont détournées vers Bamako ou vers des zones minières ou agricoles où elles sont contraintes de se prostituer pour survivre. « Le profil des passeurs et de leurs complices va de groupes criminels ou armés organisés à des chefs tribaux et des représentants des autorités, mais parfois aussi les parents, les proches ou les membres de la communauté », a fait valoir l’agence onusienne basée à Genève.
Distribué par African Media Agency (AMA) pour ONU Info.