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L’ONU dénonce une épidémie d’infox sur le Covid-19 et veut inonder l’Internet de données scientifiques

L’ONU dénonce une épidémie d’infox sur le Covid-19 et veut inonder l’Internet de données scientifiques

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Dénonçant une « dangereuse épidémie de désinformation » sur le Covid-19 qui « met en danger des vies », le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a annoncé mardi une nouvelle initiative pour « inonder l’Internet de faits et de données scientifiques » tout en combattant ce fléau de la désinformation.

NEW YORK, USA, le 15 Avril 2020,-/African Media Agency (AMA)/- Alors que la science et la solidarité devraient être les priorités du monde entier pour combattre la pandémie, une « désinfo-démie » mondiale se répand, a noté le chef de l’ONU dans un message vidéo.

« Les conseils de santé nocifs et les solutions de charlatan prolifèrent. Des mensonges remplissent les ondes. Des théories du complot infectent l’Internet. La haine devient virale, stigmatisant et diffamant des personnes et des groupes », a-t-il ajouté.

Face à ces infox, le Secrétaire général a plaidé en faveur de la confiance en la science, la confiance dans les institutions et la confiance entre individus. « Ensemble, rejetons les mensonges et les inepties », a-t-il déclaré.

Il a salué le travail des journalistes qui vérifient les faits face à une avalanche d’articles trompeurs et de publications erronées sur les médias sociaux, tout en appelant les entreprises de médias sociaux « à faire plus pour éliminer la haine et les affirmations néfastes sur le Covid-19 ».

Il a annoncé une nouvelle initiative des Nations Unies « pour inonder Internet de faits et de données scientifiques tout en combattant le fléau croissant de la désinformation, un poison qui met encore plus de vies en danger ».

Des vies mises en danger

De plus en plus, les experts s’inquiètent que cette désinformation mette des vies en danger, incitant certaines personnes ayant des symptômes à essayer des remèdes non prouvés dans l’espoir de « se guérir ».

Dans un entretien accordé à ONU Info, Guy Berger, Directeur des politiques et stratégies en matière de communication et d’information à l’UNESCO, explique que les mensonges liés à tous les aspects de la pandémie de Covid-19 sont devenus monnaie courante.

Bien avant l’apparition du virus, l’UNESCO (Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture) a mis en garde contre certaines campagnes de désinformation orchestrées, qui constituent une menace pour le journalisme factuel.

« Il semble que pratiquement aucun domaine n’a été laissé intact par la désinformation en lien avec la crise du Covid-19, allant de l’origine du coronavirus à la prévention et aux ‘remèdes’ non éprouvés, en passant par les réponses des gouvernements et des entreprises », souligne Guy Berger.

« A une époque de fortes peurs, d’incertitudes et d’inconnues, il existe un terrain fertile pour que les fabrications prospèrent et grandissent. Le grand risque est que tout mensonge qui gagne du terrain puisse annuler la signification d’un ensemble de faits réels », ajoute-t-il. « Lorsque la désinformation est répétée et amplifiée, y compris par des personnes influentes, le grave danger est que les informations fondées sur la vérité ne finissent par avoir qu’un impact marginal ».

Démanteler les mythes

En raison de l’ampleur du problème, l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui dirige la réponse de l’ONU à la pandémie, a ajouté une section « Démanteler les mythes » à ses pages de conseils en ligne sur les coronavirus. Elle réfute un éventail stupéfiant de mythes, y compris les affirmations selon lesquelles la consommation de boissons alcoolisées fortes, l’exposition à des températures élevées ou, inversement, au froid, peuvent tuer le virus.

M. Berger note que certaines personnes croient, à tort, que les jeunes ou les personnes d’ascendance africaine sont immunisés (certaines désinformations ont un ton raciste ou xénophobe), et que ceux qui vivent dans des climats chauds ou dans des pays où l’été approche n’ont pas besoin de trop s’inquiéter. La conséquence probable, dit-il, est le relâchement, qui pourrait entraîner davantage de décès prématurés.

Le responsable de l’UNESCO signale également un exemple de désinformation plus dangereux : encourager la prise de médicaments, approuvés à d’autres fins, mais non encore cliniquement prouvés comme étant efficaces contre le Covid-19.

Malheureusement, dit M. Berger, certains profitent de la pandémie pour propager la désinformation dans le but de faire avancer leurs propres agendas : « Les motifs de diffusion de la désinformation sont nombreux et incluent des objectifs politiques, l’autopromotion et attirer l’attention dans le cadre d’un modèle d’entreprise. Ceux qui le font jouent sur les émotions, les peurs, les préjugés et l’ignorance et prétendent apporter un sens et une certitude à une réalité complexe, difficile et en évolution rapide ».

Mais, ajoute-t-il, tous ceux qui sont responsables de la diffusion de contrevérités ne le font pas avec malveillance. Des personnes bien intentionnées diffusent également sans discernement du contenu douteux. Quelles que soient les raisons, prévient-il, le résultat est le même : « Ces différents motifs nécessitent des réponses différentes, mais nous ne devons pas perdre de vue que, quelle que soit l’intention, le partage des mensonges a pour effet de désinformer, avec un potentiel mortel ».

Le rôle essentiel d’une presse indépendante

Contre cela, que peut-on faire pour garantir que les informations exactes, utiles et potentiellement vitales gagnent en importance ? La réponse de l’UNESCO, dit M. Berger, est d’améliorer la fourniture d’informations exactes et de veiller à ce que la demande soit satisfaite.

« Nous soulignons que les gouvernements, afin de contrer les rumeurs, devraient être plus transparents et divulguer de manière proactive davantage de données, en conformité avec les lois et politiques sur le droit à l’information. L’accès à l’information provenant de sources officielles est très important pour la crédibilité dans cette crise », souligne-t-il.

« Cependant, cela ne remplace pas les informations fournies par les médias. Nous intensifions donc également nos efforts pour persuader les autorités de voir le journalisme libre et professionnel comme un allié dans la lutte contre la désinformation, en particulier parce que les médias travaillent ouvertement dans la sphère publique, alors que beaucoup de désinformation avance cachée dans les applications de messagerie sociale », ajoute-t-il.

L’UNESCO, poursuit M. Berger, exhorte particulièrement les gouvernements « à ne pas imposer de restrictions à la liberté d’expression qui peuvent nuire au rôle essentiel d’une presse indépendante, mais à reconnaître le journalisme comme un pouvoir contre la désinformation même lorsqu’il publie des informations vérifiées et une opinion éclairée qui agacent ceux qui sont au pouvoir ». « Il y a des arguments solides à faire valoir que les médias méritent d’être reconnus et soutenus par les gouvernements en tant que service essentiel à l’heure actuelle », conclut-il.

Distribué par African Media Agency (AMA) pour ONU Info.

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