Lancé à Lomé le 25 janvier dernier, le projet « Transition des systèmes agricoles et alimentaires sur les territoires (TERSAA) » vise à améliorer la résilience des systèmes agricoles et alimentaires face au changement climatique par une meilleure maîtrise des filières. Il a bénéficié de l’appui financier de plusieurs partenaires parmi lesquels le Groupe SERVAIR, un des leaders mondiaux de la restauration aérienne avec une enveloppe de 80.000 Euros soit l’équivalent de 52,5 millions de francs CFA. Il confirme ainsi sa volonté de soutenir l’agriculture familiale pour accéder à de nouveaux marchés rémunérateurs, produire durablement et favoriser l’insertion de la jeunesse.
Dans cet entretien le directeur général de SERVAIR Togo, Gaëtan KACOU (photo), revient sur les motivations et les attentes de son groupe dans la mise en œuvre du TERSAA.
Quelles sont les grandes activités que SERVAIR fait dans le secteur de l’agroalimentaire ?
SERVAIR produit des plateaux repas pour les compagnies aériennes et des prestations alimentaires pour des clients locaux. Il gère aussi des bars, restaurants comme à l’aéroport de Lomé avec le restaurant bar « l’Orée du ciel ». Nous sommes donc un acteur économique certes tourné sur l’international, mais également et davantage sur le marché local, et nous le serons de plus en plus à l’avenir
Dans le cadre du projet TERSAA, quelle est votre contribution et sur quels aspects ?
SERVAIR est contributeur puisque nous participons au financement du projet. Mais nous sommes aussi impliqués en tant qu’industriel réceptif aux questions sociétales et aux enjeux environnementaux, et partie prenante en tant que potentiel partenaire commercial et acheteur de produits maraichers et de produits transformés et conditionnés. Nous sommes signataires d’un contrat commercial notamment avec l’Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne (AMAP) du Togo, qui est un partenaire de SERVAIR Togo depuis près de 3 ans
Nous serons très attentifs aux propositions qui seront faites. Nous sommes également disponibles pour partager notre expertise en matière d’hygiène et de respect de normes en termes de sécurité alimentaires Ce point pour nous est essentiel
SERVAIR accorde une importance particulière aux produits locaux, pourquoi un tel choix ?
Oui en effet, une part nettement majoritaire de nos dépenses d’achats est dédiée au marché local, dès lors en effet que la traçabilité et l’hygiène sont assurés, et qualifiés par des certifications de salubrité. En tant que société opérant au départ de Lomé, nous devons promouvoir les bonnes pratiques locales.
A cet effet, l’unité SERVAIR de Lomé réalise ses propres productions alimentaires, et c’est important aussi pour nous de le faire savoir car en complément des emplois locaux portés par l’activité, une réelle expertise culinaire et industrielle y est partagée. En même temps nous sommes portés par les politiques nationales qui prônent de plus en plus le « produire » et le « consommer » local, ce qui est bonne chose
Quelles sont les ambitions de Servair dans l’agroalimentaire dans les années à venir ?
Nous devons d’abord continuer de consolider notre réseau, afin de satisfaire nos clients et nous donner les moyens de conquérir de nouvelles parts de marché. Nous travaillons sur des projets plus orientés local, et nous avançons plutôt bien. Rendez-vous dans quelques mois…
Qu’est-ce qui a motivé le groupe SERVAIR à soutenir la mise en œuvre du TERSAA ?
Le groupe SERVAIR est très attentif aux projets qui mettent en avant l’économie locale. Nous accompagnons les projets développés en partenariat avec AFL depuis maintenant près de 3 ans, et cette démarche est payante : elle ouvre à la production locale des débouchés commerciaux et permet également à SERVAIR de trouver sur le marché local des produits issus du terroir togolais compatible avec nos standards.
L’intérêt d’un tel projet réside pour nous également dans le suivi, et le référencement opéré en amont, d’où notre exigence de certification
Quelle appréciation faites-vous du TERSAA ?
Nous avons surtout souhaité retenir le caractère ambitieux de ce programme, et les chiffres parlent d’eux-mêmes, puisque le nombre de bénéficiaires pourrait approcher plus de 1 300 000 femmes et hommes du milieu rural. Et bien évidemment, nous nous projetons aussi en tant que potentiel acheteur.
En cofinançant ce projet, quel est le quota de produits que votre groupe envisage imposer aux producteurs impliqués dans la mise en œuvre de ce projet quand on sait que SERVAIR accorde une importance à l’achat des produits issus de la production locale ?
Nous sommes ouverts à toutes les propositions de produits dès lors que leur réalisation intègre des dispositifs d’accréditation et de certification surtout d’hygiène et de qualité. Nous sommes des acteurs du « buying locally », car c’est le sens de l’histoire. Nous serons bien sur très attentifs aux opportunités qu’offre le projet, dans un esprit « gagnant-gagnant ».
Quels mécanismes et stratégies SERVAIR Togo compte mettre en place pour contribuer à l’efficacité et à la durabilité du projet ?
Comme nous l’avons déjà fait, nous apporterons si nous sommes sollicités notre pierre à l’édifice en proposant d’accompagner les bénéficiaires du projet, par des actions de conseil et de partage d’expertise.
La sécurisation des investissements, la protection des marchés et la certification des produits sont entre autres des leviers sur lesquels le TERSAA s’appuie pour sa réussite. Quelle analyse en faites- vous ?
En tant que contributeur d’une part et de partenaire commercial de l’autre, les dispositifs mentionnés répondent à nos exigences de clarté et d’efficacité. Un autre levier également est important, c’est celui de la formation et de l’insertion professionnelle, volet auquel nous sommes également très attachés. Nous sommes en tout état de cause convaincus de l’intérêt et du bien-fondé du projet TERSAA, et n’avons aucun doute sur sa réussite.
Propos recueillis par Anderson AKUE
