KINSHASA, RDC, 21 Janvier 2025 /African Media Agency (AMA)/- Soixante-cinq femmes et jeunes filles déplacées ont été invitées par les Casques bleus népalais et la section des Affaires civiles de la MONUSCO, mardi 14 janvier 2025, à une sensibilisation portant sur la prévention et la réponse aux cas d’exploitation et d’abus sexuels. Cette activité, organisée au camp de déplacés internes de Djaiba à Fataki, s’inscrit dans le cadre des efforts visant à renforcer la protection des civils.
Fataki, une zone touchée par des conflits armés, est marquée par la violence et l’insécurité, entraînant une crise humanitaire, des violations des droits humains, ainsi qu’une pauvreté exacerbée et des inégalités. Dans ce contexte, les filles et les femmes subissent de manière disproportionnée des abus sexuels, principalement perpétrés par des groupes armés locaux. Cependant, des cas impliquant des agents de sécurité, ainsi que des jeunes et des hommes adultes vivant dans les camps ou les villages environnants sont également signalés.
« Nous sommes victimes de ces abus dans nos champs, dans des endroits sombres ou isolés du camp. Le soir, il est impossible de marcher sans risque. Nous sommes souvent agressées par des miliciens, des bandits armés, des jeunes garçons, ou encore certains hommes en uniforme », témoigne C., une jeune déplacée de 17 ans vivant dans le camp de Djaiba depuis qu’elle a fui son village en raison des attaques des miliciens.
L’équipe mixte de la MONUSCO a présenté aux participantes des mécanismes de protection efficaces, tels que des systèmes d’alerte précoce pour prévenir et répondre rapidement aux cas de violences sexuelles. Un numéro vert, accessible gratuitement, permet désormais aux femmes déplacées d’alerter la MONUSCO ou les services de sécurité pour une intervention immédiate.
Cependant, les participantes ont exprimé leur frustration face à l’impunité, la corruption et les négligences constatées au sein de la police locale, accusée de faciliter la fuite des agresseurs.
Selon le chef de la police locale, « un sérieux problème de mobilité » empêche souvent le transfert des auteurs présumés des violences sexuelles. « La PNC locale manque de véhicules », a-t-il précisé. Il a également déploré que de nombreux cas de violences sexuelles soient « réglés » à l’amiable entre les familles des victimes et les agresseurs, ces derniers offrant de l’argent pour étouffer les affaires.
La MONUSCO a exhorté les participantes à signaler systématiquement tout cas suspect ou tentative d’abus sexuels auprès des services de sécurité nationale et des structures humanitaires présentes dans la région. Elle les a également encouragées à rejoindre des associations féminines œuvrant pour la défense des droits des femmes.
C., une des participantes, a déclaré avoir acquis des connaissances pratiques : « Je sais maintenant comment dénoncer les violences ou les abus sexuels. Je peux alerter la MONUSCO ou la police. Nous avons également appris qu’il est important de ne plus aller seules dans nos champs, mais toujours en groupe, pour éviter les agressions. Nous sommes fatiguées de vivre ici, dans ce camp de déplacés, qui n’est pas un endroit adapté pour nous, jeunes filles et femmes ».
Les déplacés de Djaiba, comme ceux de toute l’Ituri, lancent un appel au gouvernement pour qu’il accélère le processus de désarmement et de démobilisation des groupes armés. Ils espèrent ainsi un retour rapide à la paix, condition indispensable pour rentrer dans leurs villages et reprendre une vie normale.
Distribué par African Media Agency (AMA) pour la MONUSCO.