Le Réseau Ouest Africain des Défenseurs des Droits Humains (ROADDH) a piloté un programme de renforcement des capacités des Femmes Défenseures et Défenseur e s des droits humains les plus vulnérables pour une protection plus efficiente.
A la fin de ce programme, nous avons tendu notre micro à Madame Mélanie SONHAYE KOMBATE, Directrice du Secrétariat régional du Réseau Ouest Africain des Défenseurs des Droits Humains qui se prononce sur le sujet.
- Madame la Directrice, Bonjour ? Dites-nous qu’est-ce qui a motivé la mise en place d’un programme pour les FDDH et DDHV ?
Depuis sa création en 2005, le Réseau Ouest Africain des Défenseurs des Droits Humains, comme son nom l’indique déjà, se consacre à la promotion et à la protection des défenseurs des droits humains, les femmes défenseures des droits humains y inclus. Ceci n’a été possible que grâce aux activités de renforcement de capacités, aux actions de défense et de protection de la cible par le biais d’interventions urgentes, de saisine des mécanismes nationaux, régionaux et internationaux des droits de l’homme et surtout grâce aux actions de plaidoyer engagées par l’organisation et ses membres au profit des défenseurs des droits de l’homme qui travaillent à la base. Le ROADDH s’est également illustrée par sa capacité à travailler en partenariat avec des organisations qui ont la même vision où poursuivent des objectifs similaires aux siens.
Forte de ses 16 années d’expérience, le ROADDH a réalisé qu’au-delà de la vulnérabilité à laquelle tous les DDH sont exposés, des sous-groupes de DDH encore plus vulnérables existent. Parmi ces derniers, les DDH qui travaillent sur les questions du genre, des minorités sexuelles, des entreprises en rapport avec les droits de l’homme, des questions foncières, des travailleuses de sexe, ceux travaillant en zone sous emprise terroriste et des journalistes qui travaillent sur les terrains de crise ou dans des pays en cours de démocratisation et les FDDH.
C’est ainsi qu’en 2018, avec le soutien financier de Foundation for a Just Society (FJS) que nous remercions sincèrement, une campagne a été menée par le Secrétariat du ROADDH et la Coalition Burkinabè des défenseurs des Droits Humains (CBDDH) sur la sous-région ouest africaine. Cette campagne qui visait à faire connaître la situation des défenseurs des droits de l’homme les plus vulnérables (DDHV), avait atteint les acteurs des droits de l’homme au niveau national, régional et universel.
Cependant, la 62ème session de la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples (CADHP), tenue à Nouakchott en Mauritanie du 25 avril au 9 mai 2018, a marqué une avancée majeure dans cette Campagne sur les DDH Vulnérables dont le slogan : « Chaque Etat a la responsabilité et le devoir de protéger les défenseurs des droits de l’homme » a produit un retentissement, amenant les DDH a extérioriser librement les violations des droits dont ils ont été victimes en raison de leur travail et les difficultés à organiser leur protection et sécurité.
C’est à la suite de ce projet que Foundation for a Just Society a une fois encore accepté de soutenir, à compter de janvier 2019, le « Programme de renforcement de la promotion et la protection des femmes défenseurs des droits de l’homme (FDDH) et des défenseurs des droits de l’homme les plus vulnérables (DDHV) en Afrique de l’Ouest», programme porté par la CBDDH, le Secrétariat du ROADDH et la Coalition Ivoirienne des Défenseurs des Droits Humains (CIDDH).
2- Combien de temps a duré ce projet ? Et quels enseignements peut-on en tirer ?
Prévu pour s’exécuter en deux ans, le « Programme de renforcement de la promotion et la protection des femmes défenseurs des droits de l’homme (FDDH) et des défenseurs des droits de l’homme les plus vulnérables (DDHV) en Afrique de l’Ouest» devrait prendre fin en décembre 2020. Il a été prorogé en décembre 2021 en raison de quelques difficultés relevées lors de l’évaluation à mi-parcours par le Secrétariat du ROADDH, la CBDDH et la CIDDH.
Plusieurs enseignements ont été tirés de la mise en œuvre du programme. L’implication de tous les membres du ROADDH dans une même action à la même période est un enseignement porteur pour le réseau. L’étude sur la situation des FDDH et des DDHV en Afrique de l’ouest a permis en premier lieu aux porteurs du projet, en second lieu aux F/DDH et surtout à tous les acteurs des droits de l’homme, les Etats y compris, de disposer d’informations scientifiques et une vision globale de la sous-région sur les questions abordées, surtout de prendre connaissance des défis en présence et les recommandations formulées. L’implication des coalitions dans la réalisation des activités trimestrielles a redonné sa place de choix aux FDDH au niveau national.
En outre, la mise en œuvre de ce programme est l’occasion de constater la détermination des FDDH et des DDH qui travaillent et contribuent à changer les mentalités sur les questions culturellement sensibles telles que l’esclavage contemporain, les droits de la reproduction, les droits civils et politiques, les questions de minorités sexuelles, le leadership féminin ou encore les droits économiques sociaux et culturels.
3- Aux termes de ce projet, quel bilan pouvez-vous nous faire ?
Un bilan positif. La mise en œuvre de ce programme a permis au ROADDH de disposer d’un état actualisé et récent sur la situation des FDDH et des DDHV en Afrique de l’Ouest, en tenant compte de nouveaux défis que constituent entre autres, la pandémie liée à la COVID-19. La collaboration entre les coalitions et points focaux membres et le Secrétariat s’est renforcée au cours de cette période où les membres ont été particulièrement sollicités et impliqués dans la mise en œuvre des activités. Ce programme a contribué à renforcé la présence des FDDH au sein des Coalitions et points focaux du ROADDH par le biais d’activités organisées à leur endroit. Les rapports entre les F/DDH et les autorités en charge des droits de l’homme ont été impactés par les actions de plaidoyer et de collaboration engagés dans les différents pays.
Le programme a également permis de voyager au cœur des organes du ROADDH et d’en identifier les forces et les faiblesses. Le ROADDH peut surtout se réjouir du renforcement des capacités et de la visibilité que lui a apportés le programme.
4- Quel sentiment vous anime aux termes de ce programme ?
Un sentiment de reconnaissance à l’endroit de Foundation for a Just Society qui a su nous apporter le soutien dont nous avions besoin pour atteindre les objectifs de ce grand programme. Une sensation de défis croissants auxquels le ROADDH devra faire face dans le futur.
5-Y’a-t-il des recommandations que vous avez à faire, A l’intention de qui vont ces recommandations ?
Plusieurs recommandations peuvent formulées ici.
A l’endroit des DDH, les FDDH y compris des Institutions Nationales des Droits de l’Homme, des Etats et autres partenaires nationaux et internationaux, il est important de s’approprier le contenu, en particulier les recommandations de « l’Etude sur la situation des femmes défenseures et autres défenseurs des droits humains les plus vulnérables (FDDH & DDHV) en Afrique de l’ouest ». Contribuer efficacement à la mise en œuvre de cette étude serait un atout.
L’étude étant une propriété du ROADDH, ce dernier est disposé à accepter tout accompagnement financier sur les années à venir afin d’en actualiser les données.
6. Merci Madame la Directrice
C’est le ROADDH qui, par mon entremise, vous renouvelle ses remerciements.