Devant le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies à Genève, le Ministre de la justice et des droits de l’homme du Mali a indiqué que la situation actuelle des droits humains reste intimement liée à celle, plus globale, du pays, marquée par « une crise qui a ébranlé l’Etat jusque dans ses fondements ».
NEW YORK, USA, le 27 Février 2020,-/African Media Agency (AMA)/- Mais Malik Coulibaly a insisté sur l’engagement de Bamako dans la lutte contre l’impunité.
A cet égard, le Ministre malien a rappelé les enquêtes ouvertes, notamment concernant les violences survenues dans le centre du pays.
« Plusieurs auteurs présumés ont été interpelés et se trouvent actuellement entre les mains de la justice pour répondre de leurs actes », a déclaré M. Coulibaly. Parmi ces personnes arrêtées, « 23 ont été jugées pour fait de terrorisme et 47 pour des violences intercommunautaires ».
En outre, Bamako a enregistré, à ce jour, 16.000 dépositions de victimes, dans le cadre de la Commission Justice, Vérité, Réconciliation. S’agissant des allégations de violations des droits de l’homme, attribués aux Forces de défense et de sécurité maliennes, « des poursuites disciplinaires et judiciaires appropriées » ont été engagées.
« Je dois cependant regretter ici le retard observé dans les procédures engagées en raison des conditions sécuritaires actuelles, de l’absence des services publics compétents dans certaines localités et du déficit d’expertise dans certains domaines », a fait valoir M. Coulibaly.
Des groupes djihadistes dressent les populations les unes contre les autres
S’agissant du processus politique et de la mise en œuvre de l’Accord de 2015 pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger avec les mouvements armés du nord du pays, il a reconnu les retards pris au regard d’un contexte sécuritaire difficile.
Mais Bamako a assuré de la détermination du gouvernement à honorer ses engagements, en particulier par la mise en œuvre du programme de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR). Ainsi, le DDR a permis l’intégration effective de 1.330 anciens membres des groupes armés au sein des forces de défense et de sécurité.
Mais si des progrès réels ont été enregistrés, notamment concernant les retombées du « dialogue national inclusif » de décembre dernier et les réformes politiques et institutionnelles, d’autres défis subsistent. En effet, l’accord de paix ne prend pas en charge toutes les dimensions de la crise, notamment la situation au centre du Mali.
Ces régions sont en proie à « des attaques asymétriques perpétrées par des groupes terroristes alliés aux narcotrafiquants, aux trafiquants en tous genres et bénéficiant du soutien des combattants de l’Etat islamique défaits au Levant ».
Selon Bamako, ces groupes djihadistes redéployés au Sahel, s’emploient, au quotidien, à déstabiliser davantage le Mali, les pays voisins et la région, « semant ainsi la terreur et dressant les populations les unes contre les autres ». « Leurs actes criminels servent de levain aux violences intercommunautaires, lesquelles ne cessent d’endeuiller notre pays et les pays frères voisins », a regretté le Ministre malien de la justice.
En réponse à cette préoccupation majeure, Bamako a mis en œuvre un Plan de sécurisation intégrée des régions du centre, destiné à rétablir la présence de l’Etat dans cette partie du pays. Mais pour le Mali, « la dimension régionale de la crise malienne n’échappe plus à personne ». D’où l’engagement des Etats membres du G5 Sahel en faveur de la stabilisation de la région pour « endiguer la menace terroriste » qui ne cesse de grandir.
Le Burkina Faso lance son programme d’urgence pour le Sahel
Et selon Bamako, cette situation sécuritaire au Sahel interpelle d’ailleurs « la communauté internationale quant à l’urgence, de s’investir davantage auprès des pays concernés ». Il s’agit, selon le Mali, de garantir à la Force conjointe du G5 Sahel, les moyens humains, matériels et financiers pérennes nécessaires pour sécuriser cette région.
Du côté du Burkina Faso, ce débat de haut niveau a été l’occasion pour la Ministre en charge des droits humains et de la promotion civique d’insister sur « les défis sécuritaires majeurs » qui ont conduit ce pays à intensifier ses efforts dans la lutte contre le terrorisme depuis cinq ans.
« En effet, depuis janvier 2015, le pays est engagé dans une lutte contre le terrorisme. Les attaques terroristes, en plus de priver les populations de leurs droits légitimes à la santé, à l’éducation et au développement, portent atteinte à leurs droits à la vie et à la sécurité », a déclaré Maminata Ouattara.
Selon Ouagadougou, cette « nouvelle conjecture » a conduit le gouvernement burkinabé à redéfinir ses priorités dans la mise en œuvre de son plan de développement socio-économique. A cet égard, le Burkina Faso a initié, entres autres, le programme d’urgence pour le Sahel et le programme d’appui au développement des économies locales. La mise en œuvre de ces deux programmes vise à apporter des réponses aux défis sécuritaires, en agissant sur les capacités de défense et de sécurisation du pays, ainsi que la réduction des inégalités et la lutte contre la pauvreté.
Et face à cette « guerre asymétrique », Ouagadougou s’est engagé aussi vers des partenariats en vue d’une meilleure prise en charge du phénomène, à travers des mesures urgentes et solidaires. « C’est dans cette dynamique que s’inscrit l’initiative G5 Sahel regroupant le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Tchad et le Burkina Faso », a conclu Mme Ouattara.
Selon l’Agence de l’ONU pour les réfugiés (HCR), les violences au Sahel ont déplacé plus d’un million de déplacés. A la date du 12 février, le Burkina Faso a compté à lui seul 765.000 déplacés internes – dont plus de 700.000 d’entre eux qui le sont devenus ces douze derniers mois. Il y a également plus de 200.000 nouveaux déplacés internes au Mali et 85.000 dans les régions de Tillabéry et de Tahoua au Niger voisin.
Distribué par African Media Agency (AMA) pour les Nations Unies.